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Et si notre espèce n'était que la chrysalide...



A l'aube du XVIIème siècle, le polonais Copernic laissait, peu avant sa mort en 1547, le carnet de notes où était consigné sa théorie qui allait frapper d'obsolescence celle d'Aristote. La vision du sage grec, depuis 18 siècles

ordonnait le mouvement du monde. Pour lui et des siècles durant à sa suite, la terre était perçue, éprouvée, chantée, célébrée comme le centre immobile du cosmos. Pour Copernic elle n'était qu'une planète en giration autour du soleil. Ce qui allait devenir la révolution copernicienne suite aux observations de Galilée et Kepler : non, l'univers ne tournait pas autour de la terre.


Il me semble de plus en plus que nous sommes frappés du même syndrome aristotélicien quand à notre espèce, comme si nous étions obnubilés par notre importance. Je suis étonné par tous ceux qui se voient déjà dotés d'assurance d'au-delà, certains que l'œil de Dieu reste fixé sur notre présent, faisant grand cas de nos petites pommes. Je suis étonné par ceux qui, avec des bouts de sciences récentes ne peuvent s'empêcher de bâtir des univers de sens alors que nous savons que la science ne cesse d'élargir ses hypothèses et de se refonder continuellement. Nous sommes sans doute à l'orée de découvertes qui pourraient bien bouleverser nos idées du monde et de l'univers. Et peut-être de nous-même. De fond en comble.


J'ai de plus en plus le sentiment que nous sommes une transition et un processus étranges plutôt qu'une centralité fixe. Un processus qui traverse notre biologie pour s'en émanciper, qui utilise nos rêves comme des ailes, qui s'appui sur notre égo et ses chimères pour forer son chemin et advenir. Il se pourrait bien que cet avènement ne soit pas celui d'un Soi illuminé, ni d'un sage, mais peut-être bien d'une forme inconnue d'existence qui habite notre espèce et la nourrie de rêves et de mots depuis qu'elle a commencé à arpenter les savanes.


Qu'est-ce dont que ce feu qui brasille au fond de notre histoire et dans les milliards d'étincelles de mots à travers lesquels nous nous racontons à l'infini ? Serions-nous le véhicule et lui le mystérieux passager ontologique ? Nous ne parlons là ni d'âme ni d'esprit qui sont les mots mirages consolateurs, mais réellement d'une étrangeté qui pousse en nous comme dans ce terreau de rêves que nous sommes et qui fait le carburant de son voyage. Regarde-t-il déjà le monde à travers nos yeux ?




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