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India for ever...

 

Une de plus belles choses que j'ai faite eut égard à l'Inde, c'est de l'aimer et de la découvrir avant de m'y rendre.

 

à 17 ans je me suis inscrit en auditeur libre à l'université Lyon 2 aux cours de sanscrit et de civilisation indienne. J'ai plongé des mois et des années durant dans les fonds orientalistes et indianistes des Burnouf, Levi, Renou puis Biardeau, Varennes, Daniélou et tant d'autres qui ont consolidé ma connaissance intellectuelle des grandes oeuvres du patrimoine philosophique de l'Inde. Laquelle a été enrichie ensuite par l'étude de son histoire sociale et politique et vivifiée par la fréquentations des grands mystiques et spirituels. 

 

C'est avec ce bagage que j'ai découvert l'Inde comme si je connaissais déjà ce pays, familier de la rasa-lila de Krshna, des récits du Mahabharata, du Ramayana, des textes spirituels du yoga et du tantra. 

 

Je l'ai parcouru de tant de manières en fréquantant ashrams, centres de yoga,  instructeurs spirituels, saddhus.  J'ai plongé dans le Gange à Varanasi/Bénarès avec dévotion. Ecouté la flûte de Krishna à Vrindavan, visité ses temples non comme visiteur mais pour accomplir des darshans et des dévotions. J'ai plongé dans son atmosphère imbibée d'opiacées et de mysticisme en suivant les pas de tant de personnages aimés de mon adolescence : Swami Ramdas, Swami Vivekananda, Swami Ramakrishna, Ma ananda Moyi, Sri Anandamurti, Sri Prajnanpad, Srila Prabhupad, Osho/Rajneesh et tant d'autres.

 

Je suis même allé à Adyar, rendre hommage à la mémoire de ces théosophes qui de Blavastky au Colonel Olcott, de Annie Besant à Leadbater ont ouverts les portes de l'Inde mystique à l'Europe du 20ème siècle naissant. Tous ces personnages et leurs oeuvres et leur histoires singulières m'étaient familiers, et ce n'était pas sans émotions que j'arpentais les grandes allées des parcs du siège désormais surrané et désuet de ce qui fut  la grande Société Théosophique.

 

Après avoir cédé à la fascination de l'Inde et de sa grandeur mystique il a bien fallu me réveiller.

 

Ce fut fait en prenant conscience de l'importance de l'égo et de la Raison. Leur dénégation continue  est au coeur de la spiritualité indienne où il n'est question sans cesse que d'abolir l'égo et de dépasser le mental.

 

Et c'est pourtant en fréquentant assiduement cette spiritualité, en méditant, en pratiquant l'astanga yoga, en effectuant mes japas, en m'enfonçant jusqu'au vertige dans la Bhakti dévotionnelle que je réalisais la dimension proprement archaïque et matricielle de la spiritualité indienne !

 

Certes celle-ci est prodigieusement riche d'enseignements, incommensurablement profonds. En ce sens le sub-continent indien est un géant spirituel unique. Elle comprend quantités d'éléments et d'enseignements utiles pour le futur. Mais ses racines sont profondément marquées par l'opium et les stupéfiants et une tendance fusionnelle et matricielle qui se manifestent par une schyzophrénie sociale, un conservatisme, un machisme/patriarcat violent longtemps cachés derrière un nuage de fumée mystique.

 

La fréquentation de l'Inde m'a redonné une étonnante vigueur et un goût immodéré pour la philosophie occidentale certes matinée d'orient indien, persan et arabe. Mais grâce à ce beau pays j'ai mieux compris une chose capitale : que les lumières ne se trouvaient pas en Orient, mais en Occident !

 

Enfin je dois avouer que tout en fréquantant l'Inde de Jean Herbert et Arnaud Desjardin, cette Inde mystique chère à Paul Brunton, j'ai toujours gardé un cap cher à ma boussole évolutionnaire précoce : Sri Aurobindo, Mère et Auroville. La conjonction de l'Inde et de l'Occident qu'ils ont incarné m'ouvrait un nouveau chapitre que je ne finirais plus désormais d'explorer ! Celui de la vie évolutionnaire !

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