Le soleil du dedans

Je sens la braise de son feu dans le crépitement de chaque instant. Dans les grains de quinoa du jardin qui vibrent au creux de ma main. Il a fallu toutes ces années pour frayer un chemin vers la voie ensoleillée - et voilà qu'elle semble s'ouvrir comme une clairière de tous les possibles. Un peu comme le figurait la magnifique procession de tournesols géants qui illumina le jardin tout cet été !

Comment dire cette joie solaire qui pulse depuis les cellules, incendie le cœur de ferveur et fait jubiler l'être au monde ? Quand je pense au lent artisanat, au façonnage intérieur que cela impose : toutes ces nuits de quêtes, ces aventures de grand chemin, le don précieux de mes enfants, ces puissances féminines qui m'ont accompagné si patiemment, tous ces millions de gestes humbles du quotidien comme autant de polissages patients, minuscules mais fondamentaux.

Je travaille désormais dans la jonction des hypermondes en chevauchant le dragon que m'a offert Yogi Beshbesh ! Un dragon de mots enflammés d'expériences, de souffles alchimiques soufrés qui semblent magnétiser la matière. Sans parler de ces spirales chlorophylliennes encodées de mycorhizes du futur que je cueille au jardin certains matins. Comment dire ce demain qui vient et nous traverse si chaotiquement ? Un monde naissant qui s'annonce dans un orage de fureur d'apocalypse, mêlant autant d'éclairs meurtriers que d'arcs-en-ciel de nouvelles et indicibles beautés ?