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Yogi Beshbesh et l'Ordre des Convergents !


Ce soir là fut un grand jour. Une nuit d’un éclat particulier. Un opercut de soleil en plein cortex terrestre. Un craquement dans le cartilage prétentieux des Divergents.

En ce jour de Grâce du XVIIème cycle terrestre l’illustre Archonte du Beshbeshistan, Yogi Beshbesh, institua l’Ordre des Convergents. Il fit sa déclaration solennelle depuis le Grand Balcon du Palais de la Grande Chréode.

“En ce jour, au nom de la Confrérie Beshbeshistane, grande héritière du pouvoir des Matricielles, des sciences atlantéennes et des gnoses de tous les cycles, annonçons aux Illustres dignitaires des Ordres des Douze Sphères, aux Clans des Grandes Ourdisseuses, aux Cohortes des Draalam, l’avènement extraordinaire de l’Ordre des Convergents !

Il est temps de rayer les dents des Divergents et de leurs Hordes de dissociateurs ! La terre, qui fut notre Matrice est en pleine mutation supramentale. Elle est aspirée vers l’Unification mais son mouvement est contrarié par cette vermine qui a fait son terrier dans le coeur de chaque être humain !“ Tandis que Yogi Beshbesh poursuivait son annonce, d’étranges évènements se déroulaient dans une frange temporelle adjacente : dans Paris et sa banlieue nord, Saint-Denis.

Krim le killer, Slimane le démouleur, Moussa le djihadiste, Nina la pin-up, Pierrot le corse, Neil le skateur, Domingo le digitaliste, Natacha la têtonne, Prabhu le maha-flotteur - tous furent épinglés en cet instant sur le mur de la Conscience Omega par les flèches acérées des archers d’une Cohorte de Draalam.

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Voici comment Pierrot le Corse fut le premier des 9 premiers de la 1ère légion. La première des 108 légions de l’Ordre des Convergents. Le choix de Yogi Beshbesh s’avéra fort judicieux. Car la fable que nous contons n’est pas anodine. Elle est sanglée de sens. Estampillée du Grand Sceau et agréée par l’Auguste Kébélé.

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Nous étions fin 2015. Le soleil de décembre devenait glabre et tranchant. La fin d’année battait son plein. La nuit s’était infusée comme une encre tandis que les luminaires de Noël clignotaient partout dans la capitale et ses banlieues. Ils avaient presque remplacé la neige qui n’existerait bientôt plus que dans les contes. Tandis que les portes et les grilles se refermaient, que les bouches de métro avaient absorbé un quart de la population et que le vent glacial prenait ses quartiers dans la ville on pressentait que quelque chose allait se produire.

Pierrot le corse, affalé sur le fauteuil de son box de sécurité du parking officiel du Palais de l’Elysée faisait défiler d’un doigt habile les images d’un blog coquin sur son smartphone. De l’autre il piquait des poignées de chips qu’il embouchait de cette manière si grossière que détestait sa copine Noëlie. - Tu te baffres comme un biaffrais ! lui disait-elle chaque fois d’un air dégoûté. - Non je mange comme un corse ! lui répliquait-il en bombant de l’oeil.

Voilà bien 3 heures qu’il était de permanence dans le box de sécurité. Le temps n’en finissait plus de ralentir d’autant que le chauffage peinait à contenir un froid insidieux dont il sentait la morsure lui gagner les doigts de pieds. Il leur commanda de se mouvementer dans l’écrin de ses santiags buffalo mais l’étroit fourreau le contraignit d’y renoncer.

C’est alors, au moment précis ou son esprit taquiné par le froid s’était détaché des formes généreuses d’une de ses idoles dénudées que ses trois écrans de contrôle rattachés au système général de sécurité se mirent à grésiller. Puis s’éteignirent. Il sursauta. En ces temps incertains les consignes étaient strictes. Que se passait-il ? L’avait-on surpris au QG central plongé dans ses coupables distractions ? Etait-ce une semonce ? Où bien se passait-il réellement quelque chose ? Un attentat ?

Il n’y avait pourtant ni alarmes, ni signal mais un lourd silence. Il éprouva une si étrange sensation de vertige qu’il soupçonna les chips à la Carbonara que lui avait vendu un chinois dans le métro. Après les moniteurs c’était à présent la cabine entière qui était plongée dans le noir. Avant de commencer à tanguer, comme entrainée dans l’oeil d’un cyclône. Pierrot qui s’était éjecté de son fauteuil dut se cramponner sur le bureau puis sur les murs. Le vertige l’étreignit si fort qu’il s’effondra sur le sol.

Lorsqu’il ouvrit les yeux il les referma aussitôt. C’était impossible. - Bienvenu à toi Néo-sapiens, entendit-il.

Une voix si diaphane, une bouffée de joie champêtre et des frissons de primevères. Finalement se dit-il encore étourdi, je suis corse non ? Un corse ne ferme pas les yeux quand la beauté le regarde !

A suivre...


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