Dans la tignasse du temps
Les leçons du jardin - 1
On étoile à la main les semis.
A l’exemple des fourmis on aimerait porter chaque graine sur notre dos. On ne maitrîse pas un jardin, on l’apprivoise, on le fait advenir comme le sculpteur fait apparaître la forme contenue dans la glaise. On fait corps avec la terre, on l’intériorise avec ses caillasses et ses bosses.
On se moule contre son corps noueux. On se l’incorpore en l'ensemençant.
Ses manques en nutriments essentiels nous rappellent à nos vrais besoins en sels primordiaux et salvifiques. Son excès d’argile nous prévient des émotions collagènes. Celles qui nous embourbent dans des mêlées confuses et affamées. Et nous collent aux pieds. Dans la vase confuse des sentiments accapareurs.
Son manque d’humus nous incite à emboucher la vie d’un baiser fervent.
A nous reconnaître vivants dans la tignasse du temps.