Journal évolutionnaire du 21 août 2024 - Yogis indiens & black Athéna
Je retrouve progressivement le fil des sensations de mon premier voyage en Grèce sur la petite île de Sérifos. J'avais 20 ans. Fabuleuses traversées en bateau à travers les cyclades, les bleus du ciel et de la mer, les joutes des dauphins sur notre sillage et les îles successives dont les proues rocheuses lentement apparaissent au loin, nous surplombent en dévoilant ports et villages immaculés, puis s'effacent dans l'horizon et le ciel.
Après ce voyage - qui s'est continué en Egypte, toujours par la mer - j'ai plongé dans Homère et Sophocle guidé par l'helléniste Gabriel Germain, que j'avais connu par son beau livre, le Regard intérieur. J'ai depuis lors toujours gardé un lien matriciel avec cette Grèce fondatrice.
Avant ce voyage, j'avais été marqué par la biographie d'Alexandre le Grand publiée par Roger Peyrefitte, cette plongée lyrique et dionysiaque dans la vie la plus impétueuse du monde. J'ai été ensuite intéressé par les liens entre la Grèce et l'Orient, via les fameux gymnosophistes indiens, ces yogis et fakirs dont les austérités laissaient les philosophes grecs perplexes mais dont on retrouve les traces dans les éclats métaphysiques de Plotin.
Sans oublier les liens de la Grèce avec l'Afrique et l'Egypte que j'avais découvert avec le Black Athéna de Martin Bernal, dans le fil de mes études sur l'histoire africaine, des travaux de Cheikh Anta Diop et de tout un courant avec lequel j'ai rapidement pris mes distances. Si on ne peut nier des liens entre le monde égyptien et le monde grec, on ne peut que constater la différenciation marquée entre leurs mondes, ne serait-ce que par la variété philosophique et politique grecque, si féconde jusqu'à nos jours, et le monolithisme politique et sacramentel égyptien définitivement englouti dans les sables. C'est sans doute par l'héritage biblique que s'est perpétuée une part de la dimension philosophique de l'Egypte, plus que dans le monde grec.
Comment parler de la Grèce sans évoquer le crétois Nikos Kazantzakis, avec son Ascèse, extraordinaire petite perle philosophique et Alexis Zorba, incarné magistralement au cinéma par Anthony Quinn ? Je pense également aux magnifiques chants d'Irène Papas dont l'écoute des lentes et âpres mélopées nous transporte vers l'âme solaire et tragique de ses ancêtres.
J'ouvre donc une nouvelle fois le chantier homérique de l'Illiade et l'Odyssée. Replongée dans l'Odyssée d'abord, à travers le prisme des traductions d'Emmanuel Lascoux, de Philippe Jaccottet, Mario Meunier, Frédéric Mugler, Philippe Brunet... Sans oublier celle de Leconte de Lisle !
On ne peut aller vers Homère sans passer par la Théogonie d'Hésiode et son savoureux vertige mythologique. Quelles incroyables leçons de vie que ces rocambolesques histoires ! Il est temps d'en parler puisque, sans le réaliser, nous n'avons jamais été aussi proches des dieux grecs ! C'est ce que j'aurai bientôt le plaisir de partager.
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