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Au coeur du printemps silencieux, entendre et partager les vibrations d'humanité.



Ce moment que nous partageons tous, à n’importe quel point du monde ( je suis pour ma part au Maroc ), est, chacun le sent dans son fort intérieur, un moment vraiment exceptionnel.


Un tournant vertigineux dont on peut sentir l’impact dans le silence montant de nos rues. Dans les ciels qui recouvrent leurs couleurs.


Dans le face à face à soi-même et aux autres dont l’intensité a pris un tour nouveau. L’écoute de notre corps, de notre souffle, de nos rumeurs intérieures. Tout cela pour un virus.


Un virus dont sont préservés les enfants.


Dont l’impact en terme de mortalité est faible relativement aux autres types de pandémie.


Mais dont les conséquences familiales, sociales, économiques, financières, culturelles et politiques nous emportent dans un véritable tsunami planétaire !


Un virus anxiogène à l’effet miroir : il renvoie chacun à ses peurs, à ses angoisses, à ses phobies… à la jouissance ou à la souffrance de les entretenir - ou à l’aspiration et l’effort intense de les dépasser.


Une pandémie qui nous appelle à prendre conscience de notre interdépendance collective. Plus encore, à réaliser que nos corps constituent un continuum biologique vivant illusoirement séparé les uns des autres.


Nous sommes faits d’un seul tenant et le même souffle nous traverse. Nous expérimentons enfin le phylum biologique du corps commun de notre espèce.


Tout cela au moment où le développement des réseaux numériques permet de maintenir une haute intensité de communication. Ce qui facilite l'imposition de mesures radicales de confinement sans interrompre les liens personnels, familiaux ou institutionnels.


Le bouleversement que nous vivons et allons vivre ne s’est jusqu’à présent connu qu’à l’état de guerre.


Il est inouï qu’il puisse se vivre ainsi.


Tirons en donc le meilleur parti : celui de la prise de conscience, de l’intériorité et du face à face avec soi-même, celui de l’invention des nouvelles civilités de la survie, de la solidarité active.


Cette épreuve à la fois personnelle et collective nous achemine vers la conscience commune d’être, d’où que nous soyons, une part de l’humanité en responsabilité.


Ce que nous dit l’approche évolutionnaire de ce moment présent, c’est qu’il porte les signes d’un futur de notre espèce en devenir de conscience et qu’il constitue un apprentissage du monde qui vient.


Cela peut s’entendre lorsqu’on se met en état de résonance intérieure. Dans ce nouveau silence qui advient partout. Résonance avec les millions de gestes solidaires, d’initiatives d’ouvertures, de confraternité, de bienveillance qui fusent partout dans le monde. Et qui nous appelent à rejoindre la grande fraternité de l'action de toutes les manières possibles.


Après le réflexe légitime de la peur vient l’audace d’aller vers les autres, de faire cause commune, de se sentir traverser d'une vibration d’humanité.


Cette vibration d’humanité, c’est le sésame qui ouvre la porte du monde étonnant qui s’annonce et dont chacun sait qu’il ne sera plus celui que nous avons connu.

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