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Nommer, c'est déjà vaincre...


Nous avons à faire à une secte politique et terroriste, véritable cyber-pieuvre internationale. Son pathos victimaire, l’héroïsme sacrificiel, la martyrologie, la communication ciblée sur les jeunes l'ont placé au firmament des organisations révolutionnaires extrémistes post-modernes.

On sait très bien comment gérer, bloquer, traiter le phénomène sectaire et sa capacité virale d'expansion. On sait très bien comment contre-carrer la propagande sectaire. On sait même traiter des membres qui ont subi un lavage de cerveau. Les psychiatres connaissent les modes de conditionnement ultra-rapides et pavloviens qui peuvent transformer en quelques semaines de jeunes idéalistes ou des frustrés en déshérence identitaire en mercenaires criminels aveugles pour des causes les plus extravagantes.

Je suis consterné de la persistance à ne pas nommer Daesh comme une secte, de l'isoler en tant que telle de ses revendications religieuses et culturelles, de mettre en avant la pathologie mortifère qui la fonde et de prendre ainsi le discours et les mesures nécessaires.

En ne le faisant pas on maintien un flou explicatif qui déstabilise les gens, on laisse les populations et les victimes dans la perplexité, on condamne à une extraordinaire résilience positive ceux qui le peuvent ...et on jette les autres dans la fureur raciste et nationaliste... Tandis que d'autres encore sombrent dans le sentiment d'impuissance et la démoralisation.

En ne le faisant pas on perpétue l'amalgame avec l'Islam - au grand plaisir de tous les extrémistes anti-musulmans et au grand malaise des musulmans - et on fait le jeu de la secte qui se prétend ancrée dans cette religion alors que tout l'en écarte et qu'elle constitue une offense inouïe aux musulmans qui sont les premiers à subir ses actes épouvantables.

En ne le faisant pas on laisse le monopole explicatif à des commentateurs de sciences po, à des experts opportunistes, des spécialistes inefficace de la déradicalisation et de l'islam, à des pontes de la défense et de l'anti-terrorisme. Tous évitent systématiquement la référence sectaire pour mieux gérer la rente juteuse des médias, des cachets et des opportunités qui les placent sous les projecteurs à chaque explosion.

En ne le faisant pas on condamne des milliers de jeunes au risque sectaire redoutable, à la fascination pour des héroïsmes de l'extrême et à la manipulation mentale par une organisation qui s'est donné la capacité d'harponner les consciences par un accès personnalisé et direct à travers les téléphones et les ordinateurs des enfants.

En ne le faisant pas on condamne à moyen terme l'avènement d'une suspicion inter-communautaire généralisée dont les effluves toxiques s’immisceront dans tout le champs social européen, qui exaspéreront les extrêmes et finiront par attirer irréductiblement les sociétés vers la régression civile et politique.

Même si les causalités sont multiples et complexes, l'animal sanguinaire et fou appartient à une forme de pathologie politique et sociale messianique qui a un nom : une secte.

En la nommant comme telle on peut l'isoler, la cibler, la traiter. On évite la contagion de sa propagande et on fait échec à ses objectifs de déstabilisation sociétale, culturelle, religieuse et politique.

Enfin, une fois la bète nommée et isolée on pourra également entreprendre le vaste chantier de construction de sens et de vivre ensemble en tirant partie positivement du martyr des milliers de victimes non seulement en Europe, mais solidairement sur tous les continents concernés.

Les musulmans pourront traiter en profondeur des causes sociales, politiques et philosophiques qui ont permis à Daesh de se constituer et de se développer au nom de l'Islam. Ils pourront faire la part des radicalités qui habitent leur religion et traiter les surgeons sectaires violents à la racine par l'éducation, la laïcité adaptée et une démocratie active.

L'Europe pourra tirer partie de ces dérives violentes pour reconsidérer les maillons faibles de sa politique d'intégration sociale et culturelle et de sa sécurité trop centralisée et trop peu citoyenne.

Elle pourra ré-évaluer son projet de société pas assez inclusif politiquement et économiquement de son Sud méditerranéen, de son sahel et de ses orients. Elle pourra d'autant mieux le faire qu'elle valorisera les diasporas du Sud par une politique adéquate évoquée plus haut.

Elle pourra redevenir le fer le lance du dialogue et de la paix avec son grand sud et l'arc musulman des peuples et elle le sera encore mieux en mettant en cohérence sa diplomatie avec ses valeurs à l'égard des pétro-états salafistes voyous.

Enfin elle ouvrira des ponts économiques et culturels intenses en particulier avec l'Afrique pour anticiper le tsunami migratoire de colère et de désespoir qui s'annonce à l'horizon si un plan Marshal n'est pas convenu dans les prôches années à venir.


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