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Elément de ma bio

 

Mes documents d'identité signent mes ascendances biologiques et sociologiques et inscrivent mon histoire dans celle de l'immigration marocaine et espagnole de la France ouvrière des années 1960. J'ai connu les quartiers insalubres, puis les cités avec leurs habitats en barre. J'ai partagé les jurons, les codes d'honneur, la débrouille, tout en redoutant les casseurs de gueules de la cité et les rêves de retour au bled de mes parents. Rapidement cependant mon histoire sociologique a déraillé. Un invisible cheminot a déporté mon petit train sur une autre ligne. J'ai compris rapidement que j'avais largué les amarres et quitté, à mes risques et périls, la voie balisée de garagiste mécanicien dont rêvait pour moi mon père.

 

J'ai été saisi précocément par une étrange maladie :  la fièvre des grandes questions. Ces dernières m'ont habité sans relâche. Elles m'ont jeté dans des lectures affamées, dans les bras de tous les philosophes à ma portée. Puis elles m'ont orienté vers les grands spirituels. A 17 ans je découvrais les collections de Jean Herbert, l'hindouisme, Satprem, Sri Aurobindo, Mère. A 20 ans je suis parti en Inde, partagé entre Henry le sault, Swami Ramdas et Auroville. Puis à Jérusalem pour arpenter la voie du Grand Arpenteur. En Egypte j'ai mis mes pas dans ceux de Paul Brunton et de Gustave Flaubert .

 

Par un étrange ricochet du destin la rencontre de Pierre Rabhi m'a poussé vers l'Afrique. Cette Afrique vitale et rugueuse a apporté sa moirure cuivrée et ses pulsations primales à mon sang berbère. J'ai senti son grand arbre tutélaire se frayer un chemin de vie dans mon corps et dans les mémoires blessées de mon enfance. J'ai parcouru ses forêts, ses savanes, ses banlieues, ses beaux quartiers et ses femmes en compagnie de Rimbaud, de Richard Burton, de Lawrence d'Arabie, de Segalen et de Kenneth White.

Aujourd'hui il me semble qu'un cycle est terminé. J'arrive au bout d'un chemin qui m'a porté vers des extases et des abîmes. J'ai connu  les confréries soufies, les ashrams, les intégristes djihadistes, les  associations humanitaires, les engagements divers, les bidonvilles et les palaces. J'ai depuis lors cumulé 25 ans de cette Afrique matricielle.

 

Lorsque je suis parti en voyage dans ma vingtaine, ce n'était pas pour voir le monde ou le changer, mais pour vivre la rugosité authentique de son expérience. Pour rencontrer face à face la vie insécure et nue. Et parier chaque jour sur la possibilité du lendemain. J'ai croisé des porteurs de sens modestes et des illuminés experts en marketing. J'ai pu faire une sieste au pied de la pyramide de Guizeh, et traverser les lignes de force du temple de karnac. J'ai rencontré le plus marquant des personnages, celui qui me ressemble et m'assemble : Yogi Besh Besh. 
 

Ainsi faisant, je n'ai pas détendu l'arc des questions. J'en ai fais ma respiration. Aujourd'hui je participe autrement au monde. Il résonne tout entier dans le coquillage de mon corps/conscience. Ma vision est à la fois plus unitive et plus diffractée, plus intégrative et plus extériorisée. Je vois advenir les hypermondes et l'univers grandir de sens en chacun de nous. Je redécouvre avec bonheur toute la justesse de mes intuitions premières qui m'avaient conduite vers l'approche intégrale, la science, Sri Aurobindo et Ken Wilber. 

 

Nous avons chacun notre heure. C'est ce sentiment qui enfin m'habite. Car je n'ai plus le choix que le Choix qui a grandi en moi et qui tient à présent les rênes. Le choix de la conscience et de la transformation. Une manière dynamique et active de dire l'Amour en action.

 

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